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Deus Ex : Mankind Divided : Une fois ça passe, deus fois ça lasse!

Eidos Montréal nous avait offert, il y a quelques années, le très bon Deus Ex : Human Revolution. S’en suit le développement de Thief, lui aussi reboot du jeu des années 90 et aux critiques beaucoup plus froides. « Qu’à cela ne tienne, se disent les développeurs, basta de Thief, on va repartir sur de meilleures bases, on va faire une suite à Deus Ex.  » Ainsi naquit Deus Ex : Mankind Divided.

Vis ma vie d’augmenté

Dans le jeu vidéo, il faut savoir doser les sorties de ses titres phares et, chose extrêmement importante, les espacer. Même Ubisoft a fini par s’en rendre compte en mettant quelque temps au placard sa série Assassin’s Creed. Ici, Eidos Montréal semble avoir compris cela et nous livre ce Mankind Divided quatre ans après la sortie de son ainée. On verra l’importance de se petit détail un peu plus bas, mais plaçons d’abord le décor, voulez-vous?

Au niveau scénario, ce sont aussi quelques années qui séparent l’histoire des deux jeux. D’ailleurs, si vous avez oublié les évènements du premier opus, ne vous tracassez pas, les développeurs vous ont préparé un résumé de pas moins de quinze minutes assommantes pour vous rafraichir la mémoire… ou vous endormir. Certes, c’est utile, mais il faudrait revoir la définition du mot « résumé ».

Donc, quelques années après que les augmentés aient pété un câble et se soient acharnés sur les gens normaux, l’ambiance est pour le moins pourrie. On incarne toujours Adam Jensen rentrant à Prague où son nouveau boulot l’attend : agent pour la Task Force, une super police dans le style GIGN. Suite à l’attentat d’une des gares de Prague, Jensen sera amené à enquêter sur différents groupes terroristes ayant tous très envie d’expliquer aux autres leur point de vue sur les augmentés. Bref, exit les Illuminatis (so 2012), ici on a à faire à tout le folklore autour de groupe rebelle : des communistes, des pro-augmentés, des extrêmes pro-augmentés, ou d’autres totalement contre, c’est la grande braderie du tout et n’importe quoi et le scénario lui-même se perd un peu parmi tout ça.

Des racines et des ailes

C’est d’ailleurs le premier reproche qu’on lui fera : le scénario. La fin du jeu, n’arrive pas à conclure toutes les intrigues qu’il a lancé. Pire, elle les rattrape tant bien que mal dans une cinématique cachée en fin de jeu, teasant vers un Deus Ex 3, ou (et ça serait triste) un DLC. Le scénario, compréhensible, certes, s’embourbe dans un imbroglio de tenant et d’aboutissant. Rester simple est une qualité que ce Deus Ex n’a malheureusement pas.

D’autant plus que c’est bavard, très bavard. Les personnages jacassent encore et encore, Jensen avec sa voix de Batman forcé qui ne convaincra personne.Et sans se contenter de parler beaucoup, notre augmenté au look d’un spécimen de Secret Story, a le don de lancer ânerie sur ânerie. Au pire, on pourrait se dire que les mecs qui ont pondu les dialogues ont eux-mêmes un côté fleur bleu, mais même les pnjs s’en rendent compte.

Squelette en adamentium

Mis à part ces quelques ennuis de casting, le gameplay, lui aussi, a été augmenté. Quelques nouvelles fonctionnalités font leur apparition. Mode Bullet Time, super bouclier, onde de choque, piratage à distance, et j’en passe. On y trouve son plaisir pour notre style de jeu. C’est une des réussites du jeu. Comme son ainé, on garde le choix de la tactique à aborder. On peut faire les niveaux en mode tactique ou en mode infiltration, en corps à corps ou avec un snipe, favoriser l’attaque frontale ou le passage par-derrière.

Malheureusement, vient s’ajouter un inconvénient à tout ça. C’est rigide, comme Deus Ex Human Revolution l’était. En 2012, ça allait, car la licence se présentait comme un renouveau de la série et il y avait beaucoup à découvrir, mais en 2016, et après que d’autres jeux soient passés par là, cette rigidité se fait très clairement sentir.

Prenons un exemple simple. Dans Deus Ex (Human Revolution ou Mankind Divided, peu importe), quand vous voulez assommer un ennemi, vous arrivez près de lui et appuyez sur une touche. La cinématique se déclenche, Jensen assomme le type, puis on reprend le contrôle du personnage. Si on compare ça à Dishonored, on constate le côté monolithique de la chose. Pas moyen de diriger notre adversaire vers un coin pendant qu’on l’endort pour déjà se retirer dans l’ombre, on ne peut qu’être spectateur.

Un vague souvenir du futur

Abordons une dernière chose, la Direction Artistique. De ce côté, pas de problème, c’est nickel. C’est travaillé et on a le mélange vieux Prague avec tout l’aspect futuriste de Deus Ex… mais là non plus, il n’y a pas d’évolution avec son aîné. Et dans ce Deus Ex, comme dans le précédent, on ressent néanmoins une gêne à se balader dans les environnements, il y a quelque chose qui cloche. Cette chose c’est cette impression de monde tout droit sorti du cellophane. Les voitures de flics sont comme neuves, les murs des bâtiments viennent d’être nettoyés au karcher, les armes tout juste sorties d’usine , … On évolue dans un monde en plastique, figé dans le formol pendant quatre ans, attendant de s’offrir à nouveau à nous.

Tous ces détails évoqués tout au long de ce test viennent étayer ce que je disais dans les premières lignes : Deus Ex Mankind Divided profite de l’écart avec son grand frère pour paraître neuf, alors qu’à y regarder de plus près, on constate un Deus Ex Human Revolution 1.5, avec un gameplay à deux jours de la date de péremption et dont l’univers à du mal à convaincre et nous intéresser. Sortis plus tôt, pas mal de gens auraient sans doute craché dessus.

Plot twist : Jensen est un vampire!
Plot twist : Jensen est un vampire!

Qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas dit! J’ai pris du plaisir à jouer à Deus Ex : Mankind Divided et je compte bien encore y jouer un peu en new game plus, mais il gagnerait grandement à simplifier son scénario et à arrêter de surfer sur des vagues de modes conspirationnistes par moment douteuses (complot Illuminati en 2012, groupe terroriste en 2016), à sortir l’univers de son bocal de formol pour qu’il prenne vie (on n’a jamais rien fait de mieux que Riven à ce niveau-là) et à faire mûrir son héros (tout le message sur les drogues est pathétique et naïf et se résume à « la drogue, c’est mal, m’voyez! »). Bref, un bon jeu avec de bonnes tares, mais qu’on arrive à mettre de côté pour s’amuser à balancer des poubelles sur les flics ou à s’enorgueillir d’avoir trouvé un moyen détourner de rentrer dans un immeuble.

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