Il y a une théorie quantique qui affirme que tout ce qu’on crée finit par exister, quelque part dans notre univers ou dans un univers parallèle. Il existe donc un endroit où des mudokons s’échappent de RuptureFarms, un autre où Diablo arpente les terres de Sanctuaire, un troisième où des livres mènent à d’autres mondes, …
Dans mes premières rencontres avec les univers virtuels, il y a Myst. J’avais 6 ou 7 ans et je regardais mon père évoluer dans un décor sorti tout droit d’un rêve. Sur une même île, on y retrouvait une bibliothèque où des livres gardaient prisonniers des frères fous et surexcités, une fusée verrouillée et inaccessible, un bateau immergé dans l’eau ou encore une étrange horloge hors de portée et dont les aiguilles restaient figées. Le tout n’avait pas de logique en soi, si ce n’était celle du rêve. Cela n’avait pas d’importance. Par son ambiance et son univers, le jeu me transportait dans une autre dimension, surréelle et onirique.
Je regardais mon père jouer et moi-même, de temps en temps, je m’y plongeais juste pour le plaisir de m’y balader, sans trop comprendre les rouages de l’île et en demandant régulièrement de l’aide à mon paternel. Pour moi, le plaisir était de me retrouver dans ce lieu où je pouvais accéder à des mondes enfermés dans des bouquins qui m’aspiraient littéralement. La magie de cet univers me fascinait.
C’est cette même magie qui m’attire toujours aujourd’hui, et de façon plus large, dans tout ce que l’être humain a créé, imaginé ou construit, que cela soit une oeuvre vidéoludique, un film, un livre, ou, plus abstrait, tous les symboles et concepts avec lesquels il jongle.
Ces créations sont remplies d’une imagerie marquante et constituée d’indices servant de clés à leur compréhension. Ils ont cet aspect impossible qui laissent songeur et qui pourtant sont le reflet de notre monde, comme des échos simplifiés de notre réalité. De ces endroits, on peut en apprendre beaucoup. À travers leurs codes et leurs mécanismes, ils peuvent nous aider à mieux comprendre notre monde, sa nature profonde, ainsi que la nôtre.
Mais avant ce côté pragmatique, mon esprit a ce besoin d’explorer de nouveaux horizons et d’arpenter des mondes qui ont été rêvé… ou se sont-il frayés eux-mêmes un chemin à travers notre réalité? C’est une chose fascinante que de voir comment des créateurs ont laissé s’exprimer des idées qui cherchaient à se concrétiser. Des pensées tantôt magnifiques, tantôt sombres ou encore mélancoliques qui se sont immiscées dans notre monde et qui tentent maintenant de perdurer aussi longtemps qu’il y aura quelqu’un pour les observer. Elles passent d’un esprit à l’autre, se transforment, se renouvellent et s’agglutinent entre elles. Les plus fortes se glissent encore plus profondément dans notre monde en prenant des formes plus concrètes, plus palpables.
C’est ce désir de parcourir ces mondes, de comprendre comment ils sont nés, quels sont leurs règles, leurs symboles, leur signification, comment ils m’influencent et influencent le reste de notre réalité qui me donne envie d’enfiler mes bottes virtuelles – ou réelles dans certains cas – et de partir à l’aventure.
De ces explorations en ces lieux aux lois improbables et à l’architecture fantastique, j’ai ramené quelques rapports que je voudrais vous partager. Le but est de vous partager ce que j’y ai découvert, des détails anodins aux concepts que ce monde aborde, de sa mise au monde aux symboles et influences qu’il utilise, en espérant vous donner l’envie de l’arpenter. Mais plus encore, à force de découvertes et d’aventures, j’ai envie à mon tour de créer des univers et de vous y emmener. Ces rapports ont alors également une dimension de synthèse sur des recherches alimentant des projets en cours.
Au final, dans les allées de ce que j’aime appelé mon scriptorium, l’endroit où sont rangés ces rapports, vous y trouverez tout ce qui alimente et vit dans mon imaginaire. C’est de prime abord organisé de façon chaotique, mais il y a un sens, voire des sens à tout ça. C’est pourquoi je vous ai laissé une petite note si vous souhaitez quelque chose de plus structuré, dans le cas contraire, libre à vous d’aller flâner vers ce qui vous attire le plus, en espérant que vous aimerez vous y perdre.