Pour accompagner la sortie de mon article sur Outcast paru dans le Pix’n Love 41, je voulais vous partager mes souvenirs d’enfance et l’impression que cela faisait à l’époque de découvrir un tel jeu si novateur et de parcourir pour la première fois un monde ouvert.
Dans le jeu vidéo, il y a ceux qui marquent l’histoire. Leurs idées et leur impact sur le gameplay imposent une toute nouvelle direction à leur genre. Ils le révolutionnent et dessinent les tendances que leurs concurrents copient par la suite. Outcast en fait partie. Ou du moins, il aurait dû !
À un choix technologique prêt, il aurait dû être reconnu comme un précurseur du jeu d’aventure en monde ouvert tel qu’on le connait aujourd’hui. Mais s’il a raté l’occasion de marquer son genre, il n’aura pas manqué de poser son empreinte dans mon cœur, celui d’un gamin de 9 ans qui vivait ses envies d’aventures à travers le jeu vidéo. Ce petit garçon rêvait d’explorer le monde et Outcast lui aura appris ce que cela signifiait !
Jusqu’au bout de mes rêves
C’était en 1999. J’avais 9 ans et je rêvais de voyager. J’avais un livre qui racontait le tour du monde d’un vieux couple. Dedans, il y avait plein de cartes postales et de photos de merveilles qu’ils découvraient. Et quand je n’avais pas le nez dans un atlas, il était sur un globe terrestre ou sur une carte.
J’adorais dessiner aussi, du coup, je refaisais le drapeau de tous les pays. Quand j’ai eu finis avec ça, je me suis mis à recréer une carte du monde. Je recopiais chaque contour et chaque rive et j’explorais le monde avec mes petits yeux et mes petits doigts en imaginant comment les gens devaient se les geler sur les plages du nord de la Norvège.
Mais à 9 ans, même si j’avais vraiment envie de voyager, c’était pas totalement dépendant de moi de partir explorer le monde. En plus, j’étais timide. Ce que j’avais, moi à la place, c’était le jeu vidéo.
Dans Tomb Raider, je retrouvais un peu de cet esprit d’exploration, sauf que tout était vide et les environnements étaient cloisonnés. Ça donnait au jeu un côté angoissant. Puis, au final, à cet âge-là, je considérais le jeu vidéo comme un divertissement. J’en prenais un, j’y jouais quelques heures, puis je passais à autre chose.
De nouveaux horizons
Et là, Outcast est arrivé, et ça allait tout remettre en question. C’est le premier jeu que j’ai fini de ma vie et ça a changé ma façon d’aborder le jeu vidéo. Si ça a été possible, c’est parce que son monde étrange m’a envouté dès les premières secondes. Graphiquement déjà, il avait un réel charme, un style bien à lui qui lui permettait une nature ouverte et crédible.
Si vous le comparez aux autres jeux de son époque, c’est flagrant. D’un côté, vous avez Tomb Raider.
C’est cubique et l’eau est dégueulasse.
Puis en face, vous avez ça !
Le rendu n’est pas pareil. L’environnement est plus ouvert, plein de relief, et l’eau reflète le ciel et se déforme à votre passage.
Ironiquement, si son moteur graphique a permis une nature si ouverte et organique, c’est également à cause de ce moteur qu’il est resté relativement anonyme. Ce choix n’est pas anodin et je le détaille le reportage paru dans le numéro 41 de Pix’n Love (note écrite avec photo du pnl 41 et son du mouvement). En tout cas, les graphismes ne font pas un jeu, et Outcast a de nombreuses autres qualités qui s’opposaient à ses concurrents de l’époque.
Il a d’ailleurs complètement révolutionné le jeu d’aventure tel qu’il était en 99 et vous y trouviez déjà tous les éléments des mondes ouverts tels que vous les connaissez aujourd’hui.
Ce sont ces éléments qui m’ont tenu jusqu’à la fin de son histoire et fait ressentir ce qu’était l’exploration.
Des éléments que moi, le petit garçon de 9 ans rêvant d’aventure autour du monde, j’allais bientôt découvrir alors que je m’apprêtais à partir à dos de Twon-Ha pour la première exploration de ma vie, celle du monde d’Adelpha.
En terre inconnue
Dès son arrivée, ça commençait mal. Cutter Slade était censé escorter une équipe de trois scientifiques venue dans le monde parallèle d’Adelpha pour réparer et récupérer une sonde terrestre. Cette sonde a été détruite par la forme de vie locale et menaçait maintenant de détruire la terre en l’absorbant dans un vortex spatio-temporel.
À la place, Cutter est accueilli par les talans qui le prennent pour leur sauveur. Ils l’appellent Ulukaï, un autre mot pour dire l’élu. Pour ces aliens à tête d’œufs, c’est clair, Cutter Slade est là pour ramener les môns disséminés un peu partout sur la planète et botter les fesses du despote local Fae Rhan.
Cutter comprend qu’il n’a pas le choix. Pour avoir l’aide de la population et retrouver la sonde et son équipe, il va devoir montrer qui c’est l’élu ici, et faire ses preuves en ramenant les différents môns. Très vite, il se rendra compte que les deux quêtes ne sont pas si éloignées l’une de l’autre.
Et de toute façon, pour moi devant mon écran, peu importait l’excuse, du moment qu’on me laissait explorer ce monde qui m’absorbait déjà.
Cutter a donc atterri dans la région de Ranzaar, un camp d’entrainement mené par Zokrym, le gardien des rebelles anti-Fae Ran. J’ai vite rempli quelques épreuves pour prendre Ulukaï en main. J’ai appris à tirer, nager, à avancer à couvert ou à sauter. La base, surtout pour moi qui étais passé maitre en jeu vidéo depuis des années.
Au gré du vent
Une fois les tests réussis, la daoka s’est enfin activée. De l’autre côté se trouvait tout ce qui a fait la réussite d’Outcast, tout ce qui a également fait mes échecs scolaires pour les semaines à venir, ainsi que tout ce qui allait combler mes envies d’explorations et d’aventures les plus folles !
La daoka m’a téléportée dans la région de Shamazaar et de ses rizières à perte de vue. Au fur et à mesure de ma marche, le paysage se dessinait et s’affinait à travers le brouillard. Zokrym m’avait dit d’aller voir les shamaaz pour me guider dans ma quête des môns.
Ce que j’avoue, je m’en fichais pas mal. Devant moi, il y avait un monde à perte de vue avec des éléments qui se dessinaient dans le brouillard et réveillaient ma curiosité. Une montagne me donnait vachement envie d’aller voir ce qu’il y avait au sommet, puis il y avait ce petit groupe de soldats…
Doom es-tu là ?
Prenez-moi pour un sanguinaire, mais à 9 ans, je ne rêvais pas que d’exploration, j’adorais aussi tirer sur des trucs. Et en regardant mon chargeur, j’ai vu que j’avais presque 400 balles. De quoi me faire plaisir. Largement. Le petit groupe de soldat gardait des coffres et de nouvelles munitions. Alors, forcément, ça attisait encore plus ma convoitise.
Je me croyais surpuissant et j’y suis allé frontal. Pour un expert comme moi qui s’était entrainé sur Half-Life, ça n’aurait pas dû poser de problèmes.
La particularité des combats d’Outcast, c’est son côté shoot’em up. Les balles sont de grosses boulettes visibles et mettent un temps avant d’arriver sur la cible. Et ça rend les combats hyper dynamique et jouissif. Vous devez tirer en anticipant les mouvements adverses et quand vous touchez votre cible, vous ressentez une étrange satisfaction.
Par contre, je ne pensais pas que moi j’aurais pu me ramasser un tir vu ma dextérité…
Sauf que…
Ben ouai, quand ils se sont mis à 10 contre moi, c’est devenu tendu. Très vite, j’ai fait une erreur et je me suis pris un tir dans la tronche. D’autant plus qu’ils n’arrêtaient pas de bouger. Ils esquivaient, se cachaient, tentaient de me contourner pour m’abattre dans le dos.
To be continued
Ici se termine la première partie de ce souvenir d’Outcast. Dans la suite de la découverte d’Adelpha, j’allais devoir la jouer profil bas et passer plus de temps à comprendre ce monde magnifique et ces régions exotiques. Inscrivez-vous à la newsletter pour ne pas louper la seconde partie disponible d’ici quelques semaines.
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