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Neverending Nightmares

Cet article est paru sur feu standalonepost.com le 26 janvier 2015. Vous êtes maintenant avertis ! « 

Je hais les films d’horreur. Je les hais parce que je suis un incorrigible froussard. Laissez-moi dans un immeuble abandonné pendant une nuit, et toutes ces scènes d’horreur me reviennent en tête pour me faire perdre les pédales aux premiers bruits suspects. Alors, dites-moi, pourquoi, POURQUOI j’ai acheté Neverending Nightmares?

Un réveil difficile

On se réveille dans notre chambre, perplexe. Venons-nous de rêver d’avoir tué notre soeur? Ou était-ce réel? On se lève et part explorer les alentours pour voir ce qu’il en est. On marche de couloirs en pièces et de pièces en couloirs dans un manoir en apparence tranquille, mais petit à petit l’ambiance se glace. La musique au piano rend l’endroit angoissant, et au fur et à mesure des pièces, le rouge sang s’installe subtilement sur le fond monochrome sombre.

Après avoir trouvé la tombe de notre soeur, on se réveille brusquement dans le même endroit, cette même soeur nous reprochant de dormir encore avant de disparaitre dans la pièce suivante. En repartant à l’exploration, on constate que quelque chose a changé : tout n’est pas exactement à la même place. De fil en aiguille, alors qu’on se réveille encore et toujours, l’endroit devient plus glauque, plus étrange, plus malsain; notre soeur étant morte, puis vivante, puis morte… Mais après tout, avons-nous bien un lien de parenté avec cette femme? Tout change tout le temps dans ce cauchemar sans fin, empirant à chaque réveil, jusqu’à complètement anéantir les repères qu’on ne cesse d’essayer de reconstruire.

On sent une vraie progression dans l’horreur de par l’évolution des décors et des bruitages très travaillés. On retrouvera des éléments classiques, mais très efficaces de ce côté là. Murmures, cris de bébé, bois qui craque, boite à musique jouant une mélodie hypnotique avec un écho dérangeant, le souffle profond du héros, voir rauque après avoir couru…

Et pour appuyer l’oppression ressentie, nos mouvements seront très limités. On marche, on court et on interagit avec le décor, c’est tout. Le gameplay se concentre beaucoup plus sur l’exploration et la fragilité (mentale) de notre héros, nous laissant seuls face à des visions d’horreurs, des monstres et des jumpscare bien placés. Que ceux qui détestent ce genre de technique surexploitée se rassurent, ils sont ici placés avec doigté, et sans surenchère inutile.

Le sang s’installe…
… Et le gore aussi.

Tout ceci n’était qu’un rêve?

Non seulement le jeu est parfaitement maîtrisé, mais une fois qu’on s’intéresse à l’origine du projet, il devient une véritable oeuvre à part entière. Matt Gilgenbach, qui est à la base du jeu, a eu l’idée de ce survival-horror à cause (grâce?) de sa propre condition mentale. Souffrant de troubles obsessionnels compulsifs et de dépression, il a créé ce jeu comme une bouteille à la mer, pour dire aux personnes dans le même cas que lui: « Vous n’êtes pas seuls les gars !« 

Ce point de vue en tête, le jeu dévoile une tout autre dimension. Bien que la plupart d’entre nous ne souffrent pas de maladie mentale, il est appréciable de faire un « effort » d’empathie et de se plonger dans une horreur psychologique que l’on n’aurait jamais pu ressentir dans la réalité ou à travers un autre média. C’est bien là une des principales forces de ce jeu : il tente de nous mettre à la place de ces personnes et nous faire ressentir, à une plus faible échelle, ce qu’elles vivent dans leurs moments les plus noirs.

Ce sera d’ailleurs le seul reproche qu’on pourra lui faire : il ne pousse pas assez loin cette dimension. On aurait gagné à pouvoir participer l’action, comme dans cette scène où le héros s’arrache une veine, ou quand il fait du hachis avec son bras. Retrouver plus de moments d’horreur viscérale aurait permis de mieux se glisser dans la peau d’un personnage aussi perturbé.

Unique, intense et marquant, Neverending Nightmares est un chef-d’oeuvre du survival-horror, bien loin des clichés du genre, mais vide de toute action. Le but initial du projet venant rajouter un intérêt supplémentaire au simple plaisir vidéo ludique, on plongera avec plaisir dans cette aventure hors du commun.

Verdict: 8/10

Neverending Nightmares est un jeu Infinitap Games sorti le 26 Septembre 2014 sur Windows, Mac, Ouya et Linux, il est disponible sur Steam et GoG.

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