Univers Bioshock

Bioshock : quand tu regardes l’abîme…

Je n’en revenais pas. Dans mon malheur, j’avais eu ce qu’il fallait de chance pour ne pas mourir, même si dans les heures qui allaient suivre, j’aurais préféré ne plus être de ce monde. Mon avion s’était crashé et le destin s’était arrangé pour que ça soit au pied d’un phare perdu au milieu océan. Un énorme pilier de pierres entassées dans lequel j’avais trouvé un batisphère qui m’emmena dans les profondeurs sous marines à l’entrée de la majestueuse cité de Rapture. Une cité qui allait me montré toute la grandeur, toute la décadence et toute l’horreur de l’espèce humaine. Si on pouvait encore appeler ça des humains.

Ni Dieu Ni Maitre. Seulement des Hommes.

Majestueuse en apparence. A l’intérieur, il ne restait que des cadavres dans les rues et ces chrosomes, des gens tombés dans la folie et ayant subi des malformations suite à l’abus d’une substance addictive appelé Adam.

Ces fous enragés étaient sous le contrôle de Ryan, le fondateur de cette cité sous marine et lui-même mentalement instable.

Il me prenait pour un agent de la CIA ou un espion russe. Sa parano était dangereuse pour moi, comme pour Atlas qui m’avait gentiment contacté par radio dès mon arrivée à Rapture. Lui aussi était pris au piège dans ce chaos et il m’offrait son aide pour me tirer d’ici. En faite, il avait besoin de moi pour que je rejoigne sa famille et la mette à l’abris en la ramenant à la surface.

Il ne pouvait que me guider par radio dans les rues de Rapture pour la rejoindre. C’était à moi de me débrouiller avec les chrosomes qui erraient dans les rues. Pour ça, j’avais quelques armes trouvées ici et là, et surtout, j’avais les plasmides, un dérivé de l’adam qui me donnait des pouvoirs surhumains.

Je pouvais désormais contrôler l’électricité. Plus tard, après d’autres injections, je serais capable de télékinésie et de pyromanie.

Ces injections n’étaient pas sans conséquence. Pour me donner ces pouvoirs, l’adam qui composait le plasmide avait restructuré mon code génétique. Une épreuve douloureuse à supporter, à tel point qu’après une première injection, j’avais fini dans les vapes.

Pendant que j’étais sur le sol, à deux doigts de la mort, une petite fille horrible, comme zombifiée s’est penchée sur moi avec son énorme seringue, prête à l’insérer dans une de mes veines pour récolter l’adam qui parcourait maintenant mon corps.

Un son de baleine a retentit derrière elle.

Puis, des pas lourds et métalliques se sont rapprochés.

C’était un protecteur, son big daddy comme elle l’appelait, tout en scaphandre. Il la suivait d’une démarche lente et pénible. Au dernier moment, elle a constaté que je vivais encore et a pris la fuite. Malheureusement, j’aurais encore l’occasion de croiser leur route, jamais loin quand il s’agissait de pomper l’adam d’un malheureux.

Un paradis perdu

Après avoir repris connaissance, j’ai suivi gentiment Atlas pour, tant bien que mal, rejoindre le batisphère qui allait m’emmener loin de cet enfer.

Lorsque j’ai enfin vu le batisphère, les chrosomes de Ryan ont surgit de nulle part. Ils ont saccagé ma seule issue de secours et avec elle la pauvre famille d’Atlas. Il était fou de rage et demanda gentiment mon aide pour se venger de Ryan et le tuer.

J’acceptais.

Je n’avais de toute façon pas beaucoup de choix, maintenant que j’étais piégé dans cette horrible cité au fond de l’océan.

Dans ma quête, j’ai vu toute la beauté de Rapture, ainsi que toute sa folie. J’ai parcouru sa forêt alimentant en oxygène la ville, son marché, une poissonnerie, des bars, puis la centre de loisir contrôlé par un fou se prenant pour un artiste de génie.

Tout du long, les apparences de grandeurs de cette ville s’écorchaient pour laisser apparaitre la décadence d’une cité bâtie sur des valeurs perverties.

À l’heure de conclure ma quête et d’affronter Ryan, j’en avais appris beaucoup sur lui, ainsi que sur Atlas à qui je ne pouvais plus faire confiance. Surtout, j’avais élucidé ces questions qui me restaient en tête depuis mon arrivée.

Pourquoi avoir construit une ville dans les fonds marins et comment cette cité impossible était-elle tombée dans le chaos ?

L’utopie déchue

Lorsque j’ai découvert Rapture, tout n’était que chaos et violence. La ville dans son ensemble en était marquée. Le plus dramatique, c’était de constater les répercussions sur les citoyens venus y chercher de l’espoir. Beaucoup avait été consommé par l’adam, une drogue terriblement addictive dont l’une des application donnait les plasmides, source de pouvoir surhumain.

La consommation de l’adam finissait invariablement par déformer le physique des consommateurs et par leur enlever la raison. Obnubilé par l’obtention d’une dose, ils devenaient agressifs et violent et semaient le chaos.

Cette violence s’est inscrite dans chaque parcelle de la ville. L’histoire s’inscrivait dans les murs tout comme dans les journaux audios que je trouvais ici et là, témoignages grésillant de destins tragiques, d’expériences sans limite, de folie violente, etc.

C’est en me plongeant dans ces sources d’informations brutes que j’ai compris pourquoi une telle cité avait été érigée et comment elle avait sombré.

Les valeurs de Rapture

J’avais eu une bonne idée de Ryan dès mon arrivée. Il avait fondé Rapture en opposition à la religion, la capitalisme et le communisme comme il l’explique dans le petit film de présentation imposé à l’accueil.

C’est la logique rationnelle qui primait sur la foi aveugle.

L’Homme prévalait sur tout, il était même idéalisé comme je l’ai vu un peu partout.

Surtout, Rapture se base sur six valeurs fondamentales qui résument aussi bien la société que Ryan : commerce, individualisme, créativité, liberté, indépendance et ascension. L’homme parfait n’est pas aidé par les autres et ne cherche pas à les aider non plus. Il est guidé par sa propre individualité et son ambition.

Selon Ryan, si chacun est responsable de lui-même et cherche à réaliser ses ambitions, la société s’autorégulera sans besoin d’intervention de l’état. Cela sous entend que sa société est poussée vers le haut par cette version parfaite de l’Homme et ceux qui ont besoin d’être porté la tirent par conséquent vers le bas.

Les assistés, les plus faibles, les démunis sont vu comme des parasites.

Cette intervention minimal de l’état s’applique également aux artistes et scientifiques, libres de créer et d’expérimenter sans aucune barrière morale et en suivant, encore une fois, leurs ambitions personnelles. Des propos qui me firent penser aux heures les plus sombres de notre Histoire. Et à juste titre après avoir observé les dérives inévitable que cela à engendré ici bas.

Cette vision de la société et ces valeurs étaient évidemment partagé par son fondateur Ryan, un mégalomaniaque utopiste et idéaliste, au point de voir son principal rival, Fontaine, prendre de plus en plus de pouvoir jusqu’à ce qu’il soit trop tard.

Dans un vieux journal de Ryan, j’ai même constaté que ce dernier l’admirait.

Fontaine incarnait les opportunités que Rapture offrait aux personnes les plus entreprenantes et ambitieuses. Ironiquement, un exemple à suivre et une réussite pour la société idéale de Ryan.

Le destin de Fontaine

Fontaine avait commencé par établir une pêcherie à Rapture. Une entreprise qui prit une toute autre tournure lorsqu’il rencontra Tenenbaum, une juive survivante de l’holocauste et scientifique qui avait remarqué qu’un des pêcheur avait vu sa main paralysé reprendre vie après avoir été mordue par un poisson. Intriguée, elle étudia le cas et découvrit l’adam. Fontaine la soutenais dans ses travaux sur cette substance magique et fonda Fontaine Futuristic.

Un pari risqué, mais finalement très profitable.

Les études sur l’adam permirent de découvrir son action sur l’homme et la possibilité pour celui-ci de développer des pouvoirs extraordinaires. L’inconvénient pour le consommateur, et l’aubaine pour cet entrepreneur avide de pouvoir, c’est que cette substance créée une forte dépendance et un besoin croissant d’en consommer, malgré les effets secondaires terrifiants. L’addicte se transformant physiquement et sombre dans une folie agressive. Les profits de Fontaine grimpèrent en flèche.

Dans la foulée, par générosité, Fontaine fonda un orphelinat et une fondation de bienfaisance pour les plus démunis de Rapture qui, je l’appris par après, cachait un but précis bien plus funeste.

En attendant, son pouvoir et son influence pris de l’ampleur et Ryan devint méfiant, voire paranoïaque. A raison, d’après les infos que j’ai découvert.

Janus le bienfaiteur

L’orphelinat était au final un moyen pour Fontaine de rentabiliser encore plus ses récoltes d’adam en allant bien au-delà de ce que la morale permettait. Les études de Tenenbaum démontraient qu’en accrochant une larve à un hôte, de préférence une petite fille de moins de dix ans, la récolte d’adam était optimal. La larve créait une symbiose avec la fillette et celle-ci, en étant en permanence sous l’influence de l’adam était presque immortel. Les tissus se régénérant très vite.

La pêcherie quant à elle servait de couverture aux activités de contrebande, d’enlèvement et d’assassinat de Fontaine. Tandis que la fondation servait à recruter une armée de laisser pour compte prêt à renverser Ryan et la haute société de Rapture.

Fontaine était donc un escroc, un contrebandier, un assassin et un opportuniste plus qu’un bienfaiteur ou un simple homme d’affaire. Ce qu’il visait, c’était le pouvoir et petit à petit, ses actions exagérèrent la fracture sociale.

Ryan a finit par le démasquer. À partir de là, les évènements se sont accéléré jusqu’à ce que la situation en devienne incontrôlable. Il y a eu plusieurs attentats commandité par Fontaine et lors d’une fusillade, Ryan le tua. Ironiquement, cette mort n’a été que le début de la fin.

Fontaine était celui qui fournissait la société en adam, mais il représentait également les laissés pour compte et grâce aux travaux du D. Suchong, un scientifique à la morale également douteuse, il exerçait un contrôle mental sur les chrosomes.

Sa mort déclencha de plus en plus d’émeutes.

Les chrosomes se firent de plus en plus nombreux dans les rues et la situation devint intenable jusqu’à exploser le soir du réveillon 1959.

Dans les abysses, la noirceur envahit tout

Fontaine mort, un certain Atlas, celui-là même qui me guidait gentiment par radio jusqu’aux bureaux de Ryan, surgit pour mener le peuple et les chrosomes à la révolution le soir du réveillon 1959. La guerre civile éclata.

À partir de là, Ryan réussit à récupérer les travaux du D. Suchong sur le contrôle mentale et à s’en servir pour soumettre les chrosomes à son autorité, enfreignant par là même certains de ses idéaux sur la liberté et le libre arbitre. Pour lui, la fin justifiait les moyens et il ne voulait pas voir sa propre cité lui échapper.

Vous étiez avec lui ou contre lui, mais il n’y avait plus d’entre-deux.

Atlas a perdu peu à peu son pouvoir et les cadavres se sont entassés dans Rapture.

Dans ce chaos, les dernières barrières mentales des artistes et scientifiques les plus instables se sont effondrées. Ils ont laissé libre court à leur folie, comme le chirurgien fou qui découpait ses victimes ou Sanders Cohen, l’artiste raté, génie autoproclamé, qui mettait à mort sa populace pour la mettre en scène d’une façon sordide.

Et moi, qui suis-je

C’est dans ce contexte que j’ai débarqué à Rapture. Son histoire, son passé brillant et brutal est imprégné dans ses murs, que ça soit à travers son architecture et les idéaux affichés en grand ou à travers le sangs qui les recouvre aujourd’hui.

Le rêve s’est transformé en cauchemar.

Il a laissé derrière lui les gens à leur propre sort. Seul leur voix grésillantes hantent encore les bandes magnétiques perdues ici et là. Elles racontent Rapture dans toute sa gloire et sa décadence. Elles racontent les destins et les rêves brisés par un système qui les ont broyé.

Cette utopie était voué à l’échec, car elle comprenait les graines de sa propre chute. Comment imaginer qu’un monde laissant libre court à des égos exacerbés et aux ambitions démesurées et immorales pouvaient trouver un équilibre harmonieux ? Ce sont ces égos qui, par soif de pouvoir et de profit, ont poussé la ville dans le chaos.

Je m’apprête maintenant à faire face à l’un de ces égo, Ryan, après avoir été guidé gentiment par la voix d’Atlas. Concernant ce dernier, je ne sais plus si je peux faire confiance. Je sais qu’il cache des choses et qu’il n’est pas forcément qui il prétend être.

Moi non plus, je ne suis peut être pas qui je pensais être me dis-je lorsque je regarde choqué l’enquête que Ryan a mené sur ma présence ici.

Une présence pas si accidentelle que je ne le pensais.



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