Pour tout vous dire, j’appréhendais mon retour à Raccoon City, non pas à cause des zombies, mais pour tout autre chose. C’est que Resident Evil, je connais. Plus d’une fois, j’ai erré dans d’étroits couloirs pour trouver un quelconque item me permettant d’étendre un peu plus ma progression. En lançant ce remake, je redoutais cette lassitude de tourner en rond dans les mêmes décors. Très vite, mes peurs ont été balayées par une sensation que je n’avais pas ressentie depuis longtemps.
Romero es-tu là ?
Je retrouvais donc les rues de Raccoon City le soir où la ville est tombée aux mains putréfiées des zombies. C’est d’ailleurs le premier plaisir que j’ai eu avec ce remake. Il y a une vraie sensation de parcourir une ville qui vient de plonger dans le chaos grâce à une mise en scène et une ambiance soignée. La tension y est permanente. Les rues sont encombrées de cadavres et de morts-vivants – certains ne sortent qu’au dernier moment de leur cachette – et quand vous n’êtes pas occupés à arpenter les rues, vous êtes plongés dans l’obscurité d’un Dinner où, visiblement, deux clients n’ont pas apprécié leur repas.
Contrairement à la formule Resident Evil classique, l’exploration de ces lieux se fait de manière plus linéaire et directe qu’auparavant. Non seulement vous faites moins d’aller-retour dans une même zone, mais celles-ci s’enchainent rapidement au fur et à mesure que l’aventure avance, ce qui crée un rythme qui casse la monotonie qui pourrait s’installer. Vous passez rapidement des rues de Raccoon City à son commissariat, puis à l’hôpital et finalement au traditionnel laboratoire sous terrain.
Pour accentuer ce rythme, le Nemesis, cette entité presque immortelle viendra régulièrement vous mettre le feu aux fesses en vous poursuivant sans relâche jusqu’à ce que vous trouviez un endroit sécurisé. Dans ces moments, la tension déjà permanente se fera plus intense, vous poussant à trouver votre chemin dans le stress et l’urgence.
Plus je découvrais ces différents éléments et plus je retrouvais un véritable feeling de film d’horreur. L’aventure, à travers le rythme qui lui est donné et l’enchevêtrement d’évènements, vous pousse continuellement vers l’avant en déroulant son scénario. Dans les épisodes PSOne, il y avait cette sensation d’être dans un vieux film d’horreur style Romero, avec ses lenteurs et son côté plus posé ; ici, il s’agit d’un film plus moderne et plus dynamique. Mais surtout, un film porté principalement par une véritable STARS qui donne toute sa saveur à cette aventure.
Bullet for my valentine
Parce que finalement, l’histoire d’un Resident Evil n’a jamais véritablement brillé d’originalité. Dans cet épisode, il s’agit de fuir la ville de Raccoon City tout en échappant aux griffes du Nemesis qui viendra tout du long vous mettre des bâtons dans les roues, tout en déjouant les plans d’Umbrella. Comme je viens de le mentionner, le véritable plaisir est d’être acteur d’un film d’horreur, mais pour donner l’envie d’aller au bout, il faut avoir un minimum d’empathie avec les personnages. Dans le cas de Jill Valentine, non seulement elle a en elle quelque chose de fort et terriblement touchant, mais cela va même plus loin.
La rescapée de l’unité d’élite des STARS a ce caractère fort et indépendant. Une personnalité qui s’exprime dans sa façon d’agir et dans les décisions qu’elle prend, mais aussi plus subtilement à travers sa gestuelle, sa démarche ou ses expressions. Un regard, un mouvement de tête et vous détectez un mélange de détermination et d’inquiétude.
Car, Jill montre également des limites et des faiblesses à force d’être traquée sans relâche par le Nemesis. Plusieurs fois pendant l’aventure, vous la sentez épuisée, aussi bien physiquement que mentalement, montrant par moment une pointe de désespoir, ce qui l’humanise et contribue à la rendre particulièrement attachante.
Mais malgré ça, et c’est là toute la force de ce personnage, elle surmonte toujours ses moments de faiblesse jusqu’à la toute fin de l’aventure où, après un énième affrontement direct avec le Nemesis, celui-ci réapparait, une fois de plus et dans une forme encore plus abominable. Même en tant que joueur tranquillement assis derrière mon écran, il y a une lassitude qui se fait ressentir face à cette bête qui ne veut pas mourir. L’espace d’un moment, je me suis dit qu’à la place de Jill, ça serait probablement la fois de trop, le moment où je comprendrais qu’il n’y a rien à faire et qu’il n’y a plus d’espoir.
Un désespoir vite balayé par la volonté sans faille de Jill bien décidée à en finir. C’est là où ça en devient inspirant. Face à tous ces évènements, au chaos de la ville, aux épreuves endurées pendant toutes ces heures, face à un Nemesis qui revient sans cesse à la charge malgré les efforts qui y sont mis de sa part, malgré des moments de faiblesse, Jill reste déterminée et ne succombe pas au désespoir. Cette nouvelle épreuve ne fait que renforcer sa détermination de sauver ce qui peut être sauvé et de mettre un terme aux agissements d’Umbrella. Elle reste coute que coute accrochée à ses valeurs.
En constatant cela, je me dis que Jill Valentine était l’un des personnages de jeux vidéo les plus inspirants que j’ai pu incarner, car au-delà d’être un moyen de se divertir et de vivre des sensations particulières, le jeux vidéo est aussi, au même titre que toute autre œuvre artistique, vecteur de valeurs et de modèle sur lesquels s’appuyer pour, à son tour, lorsque rien ne va et que tout semble aller vers le pire, s’en inspirer et prendre exemple.
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