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Pendant que Red Dead Redemption 2 bat des records, sur striptease-ludique, je rattrape mon retard sur la série en revenant sur le « premier » épisode, celui qui a posé les bases de la série. Sous ces airs de GTA, ce western, avec toujours Rockstar à la barre, s’en est émancipé en ne gardant qu’une base solide de monde ouvert et se différenciant de la série phare des grands voleurs de bagnoles en proposant un Far West en train de péricliter tout en racontant l’histoire d’un cow-boy en quête de rédemption, le tout avec un discours toujours d’actualité.
Donne un flingue à un Homme, il braquera une banque.
La série Red Dead a eu du mal à démarrer. Le développement de l’épisode original Red Dead Revolver, au début chapeauté par Capcom, fût mis au placard après un développement calvaire. Enterré vivant, le jeu a été sauvé à la dernière minute par les frères Houser proclamant « on a toujours rêvé de faire un western, on achète !« . Bref, ce titre sorti sur PS2 et Xbox sonnait le début d’une des plus grosses licences de Rockstar. Ce n’est qu’avec l’arrivée de la génération suivante que l’épisode Redemption a pu voir le jour et rendre justice à l’univers des cow-boys et au mythe du Far West.
Red Dead Redemption fait la part belle aux grandes étendues désertiques, au dressage au lasso, aux (longues) balades à cheval et surtout à un scénario à la Rockstar remplie de bâtard, nécrophile et autres truands. On y incarne John Marston, envoyé par le gouvernement pour traquer et tuer ses anciens compagnons de route (tous verser dans le braquage de banque et la débauche) et au passage blanchir son nom. Et pour s’en assurer, le FBI fait pression en détenant sa femme et son enfant.
Dans cet ouest du début du XXème siècle, tout fout le camp. On est à un point de l’Histoire où le monde est en pleine mutation : le Mexique fait sa révolution, le Far West passe d’un univers libre, mais violent à un monde dirigé avec une poigne de fer par un gouvernement aux méthodes douteuses. Marston se retrouve au milieu de tout ça, n’aspirant qu’à terminer ses jours à la ferme avec sa femme, son gosse et ses vaches.
Donne une banque à un Homme, il braquera le monde
Comme d’habitude avec les productions Rockstar, la critique est rude et s’attaque à tout ce qui bouge, les gouvernements en première ligne. Ceux-ci opèrent comme des bandits, pendant que les bandits, eux, s’offrent une profondeur plus humaine. Pour Marston, son ancienne bande a été comme une famille composée d’Hommes bon, mais totalement perdu, selon les mots mêmes du héros. Celui-ci a grandi dans une liberté empreinte de violences quotidiennes qu’il a mis longtemps à comprendre et mettre en perspective, d’où sa rédemption actuelle. Il suit son propre chemin et ne se soucie plus des notions de bien et mauvais, car elles sont elles-mêmes abstraites, ne servant finalement qu’à approuver ou non les actions de telle personne ou tel gouvernement.
De l’autre côté de cette opposition, lors de notre passage au Mexique, on est confronté à des hommes politiques aux moeurs légères, violant à tour de bras. Plus au nord, la sale besogne est effectuée par des repentis dont les actions ne seront jamais reconnues. Dans tous les cas, on assiste à des coups bas, du chantage politique ou toutes autres exactions commises pour arriver à ses fins. Finalement, la violence ne disparait pas, elle se transvase et s’organise différemment. Le crime s’institutionnalise et de ce fait échappe à la justice.
« Ils créeront un autre monstre pour légitimer leur salaire. » Dutch van der Linde
C’est à la fin de l’aventure que tout prend son sens, dans le discours prononcé par Dutch, le dernier des anciens compagnons de route de John Marston. Avant de mourir, celui-ci se rend compte de la futilité de son combat, mais ne peut pas s’empêcher de se battre. Il se rend compte qu’il n’est qu’une cible parmi d’autres. Et après lui? Quitte à créer un nouvel ennemi public numéro un, le gouvernement continuera sa chasse aux sorcières, ne fut-ce que pour légitimer sa présence et son rôle (factice?) de protecteur. L’Histoire lui donne raison. Après le Far West et les bandits de grand chemin, il y a eu les anarchistes, puis les communistes, les talibans, Daech, Isis …
Bien que le jeu se passe il y a un peu plus de cent ans en arrière, le message reste autant d’actualité que celui de la satire GTA, série cristallisant déjà bon nombre des travers de notre époque actuelle. On constate que les usages (chantage, manipulation, etc.) ont su perdurer dans le temps, sous une forme ou sous une autre et qu’une organisation comme un gouvernement est affamée de grands bandits, placardant sur tous les murs (même virtuels) le nouvel ennemi commun à abattre. « On ne peut pas lutter contre le changement » dit Dutch van der Linde à la fin du jeu. Ca sonne comme un cri de lassitude venant d’un homme au seuil de la mort, mais aujourd’hui ses mots résonnent comme un espoir pour tous ceux luttant pour plus de justice.
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